n’y en peut auoir pluſieurs, c’eſt à bon droict qu’ils diſent que le Ciel fut chaſtré par ſon fils, d’autant que le Temps ne permettra iamais qu’il s’engendre choſe ſemblable à luy. Il n’y a donc qu’vn Ciel, & vn Temps, qui naiſt du mouuement d’iceluy : & tous deux ſont chaſtrez, parce qu’il n’y en peut auoir pluſieurs. De là eſt puiſee la doctrine des Peripateticiens. Nous n’auons aucuns memoires qui nous apprennent rien touchant les faits de Cœlus ; ce qui me fait aiſément croire qu’à cauſe de ſa ſageſſe & preud’hommie on luy defera l’honneur de
cõmander
dans ſon pays. Ie n’en trouue qu’vn ſeul article approuué par le teſmoignage de pluſieurs Autheurs ; c’eſt qu’il eſt mort en Oceanie (ie croy que l’iſle de Candie ſe nommoit ainſi jadis) & fut enterré en la ville d’Aulaire, comme dit Lactance. Ie ſcay bien qu’il y en a qui
prennẽt
le Ciel pour l’ame du plus haut & eſtoillé Ciel, qu’ils penſent eſtre tantoſt Dieu, tantoſt la fecondité & largeſſe de Dieu meſme ; & prenans Iupiter pour cette bienfaiſante volonté de Dieu, par laquelle il pouruoid à toutes choſes, ils diſoient qu’il auoit chaſtré Saturne, c’eſt à dire qu’il paruient iuſqu’à l’eſprit de Dieu, puis apres Saturne taille le Ciel, d’autant que l’entendement meſme obtient beaucoup de choſes de l’abondance & fecondité du Dieu : & les choſes qui prouiennent de luy, ne ſont pas entieres ne parfaictes comme elles ſont en luy, mais Iupiter les lie & reſtreint és plus eſtroittes bornes de nature, à cauſe du vice de celuy qui les reçoit. Quant à ce qui attouche aux mœurs, c’eſt preſque meſme choſe que ce qui a eſté dict en Saturne. Paſſons à Iunon.