Vulcan tu apportes des torches Quand les amans font leurs approches.
Feſtes des flambeaux, repreſentant le cours de la vie humaine.On celebroit auſſi à l’honneur de Vulcan certaines jouſtes nommees Lampadophores, c’eſt à dire Porte-flambeaux, deſquelles Herodote en ſon Vranie fait mention. Leur façon eſtoit, que les champions tenoient en main vne torche ardente, qu’il falloit en courant porter iuſques au bout de la carriere ; à celuy qui laiſſoit mourir la ſienne, il n’eſtoit pas loiſible d’acheuer ſa courſe, ains il ſortoit deſhonoré. Si quelqu’vn auec ſon falot allumé eſtoit vaincu à la courſe par celuy qui le ſuiuoit, ſelon l’ordonnance du ieu, le vaincu eſtoit contraint de liurer à l’autre ſa torche allumee, ce que touche Lucrece au 2. liure :
Et donnent, en coureurs, la lampe de la vie.
Car ſi vous y prenez garde de prés, la vie des hommes reſſemble du tout à ces jouſtes-là. Or ce tournoy, fait auec feu, fut dédié à Vulcan, d’autant que quelques-vns croyent qu’il fut inuenteur du feu, & des arts & fabriques qui ſe forgent par le moyen du feu : teſmoin Zezes en la 335. hiſtoire de ſa 10. Chiliade, lequel tient qu’il eſtoit Ægyptien, homme d’vn grand eſprit, & fort inuentif, contemporain de Noé, lequel Noé eſt par les Grecs nommé Denys, Oſiris, Bacchus ; & Ianus par les Latins. Neantmoins és Sacrifices de Promethee & de Minerue, feſte generale de toute l’Attique, l’on portoit auſſi de tels flambeaux, d’autant que ceſtuy-là deſroba le feu dans le Ciel, auec les arts és magaſins & boutiques de Vulcan & de Minerue : & cette-cy auoit inuenté & mis en vſage beaucoup de
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arts, qui ſans le feu ſeroient inutiles. Et combien qu’il y ait eu pluſieurs Vulcans, comme nous auons dit au diſcours de Iupiter, imputans à l’vn tous les geſtes des autres, nous nous arreſterons à la plus commune opinion, qui ne faict guere mention que du fils de Iupiter & de Iunon. Car ie ne penſe pas qu’il importe beaucoup pour l’œuure que nous auons en main, ſçauoir ſi ceſtuy-cy, ou ceſtuy-là, de tel nom, a fait tel ou tel acte ; pourueu que ce ſoit Vulcan qui l’ait
cõmis
. Car nous ne faiſons pas maintenant profeſſion d’eſcrire vne hiſtoire, ou des choſes verittablement aduenuës, ains taſchons d’expoſer les fictions des Fables.
Inuẽtion
du feu.Or l’on ne tient pas pour choſe bien aſſeuree & hors de doute, que Vulcan ait le premier trouué le feu, puis que quelques-vns en attribuent l’inuention à Promethee. Lucrece au 5. liure allegue vne plus vray-ſemblable raiſon de l’inuention du feu : & dit que la foudre tombee ſur quelque arbre, ou edifice, qu’elle embraſa en donna l’vſage aux hommes, qui depuis tranſporté de Prouince en autre, s’
eſpãcha
par tout l’Vniuers. Cela peut-eſtre le fit ainſi croire, parce que le feu eſtant par ce moyen diuulgué, Vulcan le premier inuenta les arts qui ſe font par le moyen du feu ; lequel donnant telle forme qu’il vouloit à des metaux tres-durs, on penſa qu’il euſt commandement ſur le feu, & qu’il fuſt Dieu