nus ils quittent tous les autres Dieux, comme Virgile feint au 8. de l’Æneide, que Vulcan à la requeſte de Venus laiſſe & entremet toute la beſongne qu’il auoit commencee pour depecher les armes de ſon fils Ænee. Ie ſcay bien que ceux qui font profeſſion de boureller les metaux par le feu, ont des opinions qu’ils s’efforcent d’accommoder à leurs creuſets & vaiſſeaux. Inuectiue contre les Chemiſtes.Car il n’eſt pas croyable que les metaux puiſſent entre-eux changer de forme par aucun art, non ſeulement pource que l’art imite, aide & eſt chambriere de nature, laquelle ne confondant point les formes, auſſi n’y-a-il pas apparence que l’art le puiſſe faire : mais auſſi d’autant que pour parfaire & purement accomplir la forme de chaſque choſe, nature a beſoin d’vne matiere pure, & de commencemens purs, Au liure des pierreries.comme dit Theophraſte : leſquels elle ne ſe peut pas touſiours fournir comme elle voudroit bien. Car il ne faut pas ſeulement que chaſque forme ait ſon commencement propre & particulier pour ſa generation & ſon accompliſſement, qui ne peuuent s’accommoder à choſes fort diuerſes : mais il en faut auſſi qui ſoient purs, affin que tout ce qui ſe formera ſoit plus parfaict & plus accomply. Voyla pourquoy autres ſont les commencemens du diamant, autres ceux de l’eſmeraude, autres ceux de la cornaline, autres ceux du marbre : & entre les metaux, autres ſont ceux du fer, autres ceux du cuiure & airin, autres ceux de l’or, autres ceux de l’argent. Et ne faut penſer que tous ceux-cy ayent meſmes principes. Que s’il aduenoit que toutes choſes euſſent meſmes commencemens, on pourroit par art tranſmuer en or auſſi bien les pierres, ou le bois, que les metaux. Il faut donc conclurre que les choſes ont leurs particuliers principes, & que l’art ne les peut confondre ny peſle-meſler enſemble, ny les conuertir en autre nature. Ils diſent que ce Vulcan pour ſa deformité fut ietté hors du Ciel, n’eſt autre choſe que le ſoulphre, ou vif-argent, qui ne reçoit rien en ſoy qui ne ſoit de ſa nature : ains ſe ſepare de tous autres. Puis-apres, que Vulcan anima Minerue, parce qu’ils croyent que le ſoulphre & le fer aiment l’eau de Mercure, qu’ils nomment Minerue : leſquels eſtans enſemble, ſe ſeparent en putrefaction, d’autant qu’ils ſont de diuerſes natures : & que pour cette raiſon on a dict que Minerue fuyoit Vulcan. Mais pour ne m’amuſer à telles reſueries, qui ſont le goulfre & la conſommation de beaucoup d’or & d’argent, & le ſeront encor à l’aduenir à ceux qui ſuent & ſe trauaillent apres, beaucoup de gens ſe ſont efforcez d’approprier les Fables anciennes à leurs inuentions. Or affin qu’on ſçache que ie croy l’art Chymique eſtre plain de vanité, i’en ay autresfois dict mon aduis en vne epiſtre Latine que i’ay eſcrite contre les enfumees tromperies des Alchymiſtes : de laquelle ie veux extraire & citer icy quelques vers touchant ce ſujet.