De Pluton.
CHAPITRE IX.
Genealogie de Pluton.PLVTON que les Anciens ont qualifié Dieu des Enfers, fut fils de Saturne & d’Ops (comme nous auons dit) & fut à la guerre auec Iupiter, & apres pluſieurs victoires, toutes choſes leur ſuccedans à gré, partagea auec le meſme Iupiter & Neptun l’Empire du monde vniuerſel, & eut pour ſa portion les Eſpagnes, & tout ce qui tend vers le Soleil couchant. Pauſanias en l’Eſtat d’Attique eſcrit qu’il y auoit en ladite ville des ſtatuës de Pluton & d’Amphiaras, où l’on voyoit Pluton porté par la Paix ſa nourrice. Il auoit pour enſeigne les clefs, ainſi que Iupiter portoit le ſceptre, & Neptun le Trident, comme dit Pauſanias & Orphee en l’hymne de Pluton :
Pluton, qui en ta main tens les clefs de la terre.
Strabon au 3. de ſa Geographie eſcrit que Pluton fut Dieu des richeſſes, & qu’il demeura en Eſpagne, vers les monts Pyrenees. On l’a tenu pour Dieu des treſpaſſez, & a eſté nommé Iupiter, ou Dieu terreſtre, auquel on faiſoit ſacrifices pour les ames, teſmoin Euripide és Phœniſſes :
Il faut que qui vit encore, Le Dieu terreſtre il adore, Et rende le ſainct deuoir Aux ombres du creux manoir.
Et quant on luy faiſoit tels Sacrifices, on le nommoit Februus, d’où le mois de Feburier prit ſon nom, parce que les Romains
ſolẽniſoient
ſa feſte en ce mois-là. Les Anciens le repreſentoient porté ſur vn chariot tiré par des Cheuaux noirs, comme teſmoigne Ouide au 5. des Metamorphoſes, lors qu’eſpouuenté de l’horrible cry de Typhœe enfondré par Iupiter ſous le Montgibel en la defaite des Geans ; eſtonné d’autre part de voir toute la Sicile crouler du bruit eſtrange que menoit ce monſtre de Geant, il prit reſolution d’aller faire vne reueuë par ce pays-là, pour voir & ſonder ſi dans les fondemens de l’Iſle il y auoit encores quelque choſe qui branſlaſt :
Ce mal craignant le Roy du Stygieux manoir, Il commande atteler ſes Cheuaux à poil noir A ſon char enfumé, & comme il eſt habile, S’en va les fondemens viſiter de Sicile.
Pourquoi les clefs ſont donnees à Pluton.On luy donna les clefs, d’autant que ceux qui ſont vne fois entrez en ſon palais, n’en peuuent plus ſortir ; & le Narciſſe, le Capillus Veneris, l’Arche & le Cyprez dont on faiſoit des chappeaux, & duquel les Anciens jonchoient les cercueils des defuncts
deuant qu’y coucher les