51, rue Boussingault

Paris XIIIe

Le 6 juillet 1953

Cher Ami,

Pardonnez-moi de ne vous remercier qu'aujourd'hui de La Preuve par l'Etymologie : je voulais, pour lire votre livre, avoir un moment tout à fait tranquille, et c'est seulement hier que j'ai trouvé ce moment.

Depuis le jour où j'ai reçu votre envoi, j'étais du reste, agréablement occupé par le problème fondamental que pose le titre : peut-on prouver même dans la mesure très limitée de toute preuve un tant soit peu valable – quoi que ce soit sur les mots par les mots – car ce sont bien les mots qui se présentent d'abord dans la preuve.

Il me semble que Dieu seul se prouve par Dieu.

Puis à mesure que je vous lisais, de très courts poèmes, poèmes de mots seulement, hantaient mon esprit, en compagnie de curieuses étymologies que je connais et dont je vous parlerai.