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Lundi 7 mai. [1951] Cher Jean Paulhan, « Vous ne tenez pas vos promesses, » cette remarque – ce reproche – m'atteint au vif. Je rumine là-dessus depuis vendredi, parce que votre observation va très loin, qui exprime un jugement cruel, mais juste. Comment faire comprendre qu'il me soit plus difficile qu'à beaucoup d'autres de tenir mes promesses ? Le passage du projet entrevu, où l'imagination se prend à flamber à l'acte, quand la contrainte n'exerce pas, de l'extérieur, une pression capable de vaincre l'orgueil, la vanité, la paresse et le scrupule, est une épreuve torturante. Entre ce qui pourrait et devrait être, et ce qui est, tant d'obstacles sont tout à coup dressés ! Permettez-moi d'en dire un mot – D'abord ceci, que je me sens misérablement seul, sans conseil ni ami sûr et confiant qui me fournisse des points de repères. Il faudrait en finir une bonne fois avec le doute paralysant, avec le sentiment du porte à faux, l'inadaptation etc. Mais comment y parvenir, quand le langage même qui devrait en triompher me paraît de jour en jour plus étranger ? Ceci ensuite, que j'ai commis tant de bévues, tant de faux-pas, depuis que je vis à

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