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mais je sais qu'aucun réglage n'est possible. Où serait la valeur ? Dans une œuvre, sans doute. Mais voici le plus pénible. J'ai choisi mes maîtres parmi de si hauts poëtes, qu'il me faudrait être un monstre d'innocence ou de vanité. Ce que je ne suis pas. L'intelligence qu'on me reconnaît parfois, et que certaine habileté à parler, à tirer profit sur le moment d'une information très commune incline les naïfs à surestimer, ne m'est d'aucun secours. Au contraire. J'en suis venu à un tel degré de méfiance d'autrui et de moi que je ne sais plus à qui parler, à qui confier mon désespoir. Voici donc, cher Jean Paulhan, dans quel climat moral j'essaie en vain d'écrire un texte sur Gide. J'ai pris les notes. Dès qu'une voie semble s'ouvrir, je m'aperçois que c'est un cul de sac. Mon expérience de l'écrivain et de l'homme, que j'aime et révère, mais ai toujours considérés d'un œil lucide, est, j'en suis sûr très profonde. Mais comment l'exprimer en quelques pages, en respectant des rites auxquels je dénie toute valeur ? Je suis plus empêché que quiconque de parler en l'occurrence. Je le ferai pourtant, aussi bien qu'il me sera possible, précisément parce que je vous l'ai promis. Affectueusement à vous Jean Amrouche

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