Gallimard édite les « Étoile et Bolides », je me permets, mon cher ami, (permettez-moi de vous appeler ami), je vous demande déjà – une faveur spéciale – un privilège, si vous préférez – le mot est peut-être plus exact – et je sais que c'est très délicat de vous demander un tel avantage :
Vous devriez, selon votre fantaisie et en toute liberté, me composer une préface pour Les Étoiles.
Si un tel bonheur me venait de vous, croyez bien que je serai magnifiquement payé de toutes mes peines, car, j'en ai eu, tout de même un peu, à sortir ce manuscrit.
J'eusse préféré aussi, vous envoyer l'ensemble de ce texte dactylographié, mais cela eut encore retardé mon envoi, d'autant plus que je ne suis qu'un passable dactylographe.
Excusez mes ratures, des passages de très mauvaise écriture – on est pas toujours disposé à calligraphier – quoique je suis enclin, maintenant moi-même, à faire le plus propre possible, et que je pense que la belle écriture, soignée, ne soit pas tout à fait la science des ânes, comme je le pensais autrefois.
Merci, de tout cœur, encore une fois, mon cher Jean Paulhan, de vos façons simples et directes de m'encourager, et qui me touchent, croyez-le bien ;
Merci, de tout cœur, de ce que vous faites pour moi.
À vous lire, et vous revoir, j'espère, bientôt aussi, croyez moi, cher ami, en toute fidélité et bien affectueusement vôtre.
Mercredi 21 mars 1951
Jean Arabia
Jean ARABIA
67, Rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)