Jean ARABIA
Horloger-Bijoutier
67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
51
Boulogne Mercredi 12 Décembre
Mon cher Jean Paulhan,
Votre très intéressant message du 11 lu avec joie, je m'empresse de vous donner quelques précisions sur « La Glorieuse colère ».
Il s'agit d'un premier jet.
Et j'ai coutume de laisser dormir, ce que je nomme mes « morasses poétiques », pour les réveiller beaucoup plus tard, et les habiller alors pour l'inégalable beauté.
Oui, abus – mais des deux cœurs – ne soyez pas inquiet, car j'ai horreur, comme vous, des répétitions – celui sans entraves sera anéanti.
Le « temple [ILLISIBLE] », qui me déplaît fort, à moi aussi, tel quel, peut devenir un joli temple. Vous verrez.
Et cet obscur, tellement aérien, qu'il sera agréable.
J'ai besoin de vous faire cet aveu : j'aime l'éloquence – pas la mauvaise, du cher Verlaine, et comme lui, jusqu'à la rétorsion du cou et l'arrachement sans rémission de la langue – j'aime la belle, celle qui exalte, enhardit et permet l'épanouissement triomphal de nos généreuses passions.
C'est pourquoi la facile grandiloquence m'abuse encore : par le diable, j'arriverai bien à m'en défaire, j'espère !....