de donner son avis sur notre poësie moderne, (il me paraît absolument noyé) ;
ainsi a-t-il pu maltraiter le grand St-John Perse, et d'autres, (au point que j'aie cru qu' E [Emile Henriot], là, était absolument aveugle).
J'ai aimé alors, qu'Alain Bosquet le prenne à bras le corps pour lui asséner quelques élémentaires vérités.
Il me semble que depuis cette agréable passe d'armes, E [Emile Henriot] s'est amendé, et y voit plus clair en ce qui touche à l'art moderne du poëte.
C'est un bien.
En ce qui concerne G [Gourmont] auquel je reviens comme à un péché très mignon – je vous garde gratitude de me l'avoir mis en mains – mais il me vient une idée qui vous paraîtra saugrenue, vous la disant tout de même :
Si nous pouvions arriver à écrire sans clichés, ni lieux communs, il se produirait un bouleversement que nul n'a encore jamais vu – Dada et le surréel à comparer, ce ne serait même plus qu'une vulgaire escapade de terribles écoliers – ce qui nous guetterait aussi c'est le fatras illisible isoudien
Jean Arabia évoque le Lettrisme, mouvement poétique d'avant-garde né après la guerre grâce à Isidore Isou, son inventeur. Le lettrisme renonce à l'usage des mots et privilégie les sons, les onomatopées. et la tonne de postillons que nous recevrions, en l'écoutant.
Je suis terriblement coincé par cette idée : c'est une implacable mordache d'étau qui broie, à moins de supprimer le Si et tranquillement prouver que : nous pouvons écrire sans clichés ni lieux communs.
Je finirai bien par croire, comme G [Gourmont], que l'art d'écrire (sauf à la mode du jour), ne s'apprend pas, et ne relève, en somme, que de la magie.
D'ailleurs – je me dois cet aveu – je m'étais bien promis, après avoir lu G [Gourmont], de ne plus toucher à une plume, de la laisser aux seuls écrivains ;