Ce Dimanche. [1950]
Cher Jean Paulhan,
Je viens de lire, avec beaucoup de plaisir, Les Causes célèbres : il me semble que ces brefs et parfaits contes sont souvent des poèmes en prose (au sens où l'entendaient Poe, ou Baudelaire) et qu'ils auront leur place dans une anthologie du poème en prose. J'en aime beaucoup la flamme violente qui éclaire, un instant, le détail signifiant d'une existence, puis, l'ombre revenue, laisse le lecteur rêver un moment à ce qu'il vient d'entrevoir. Art exquis, fait de litote, art classique « sans doute, mais fait de poésie », avant tout – et me frappe là, qu'on n'a pas tellement dit de vous, je crois, la vertu de poésie qui se manifeste dans vos derniers écrits. (Vertu de surprise, d'étonnement, devant le