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2 mars 1953 Bien cher Jean P Il y a trois semaines, Robert Gallimard me faisait parvenir un chèque de 25.000 francs pour le livre de contes « L'oeil de la Tempête ». Cela faisait des années que je n'avais pas eu devant moi cette petite somme qui permet de respirer, de se dire pendant quelques jours : rien ne m'empêche d'écrire. J'ai aussitôt laissé toutes les besognes de côté, et je me suis mis à ce livre auquel je songeais depuis longtemps, sorte de roman-journal : « les mauvais jours ». J'ai écrit plus de cent pages. Me voici de nouveau obligé de m'arrêter, de perdre le fil. J'ai dépassé les jours libres, les besognes en retard se sont accumulées, les vrais « mauvais jours » sont là. Pour combien de mois, ou peut-être à nouveau d'années ? Personne n'y peut rienLe livre ? C'est l'histoire en gros d'un personnage pris par l'envie d'écrire, mais qui ne parvient pas à le faire, gêné par tant de choses, et qui attend. Finalement il semble y parvenir, mais c'est pour écrire le journal de ces « mauvais jours » qu'il vient de passer. J'ai quand même refusé un travail de re-writen que l'on m'a proposé à « Radar » ces jours derniers.

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