Beyrouth, 6 juillet [1929]
Le silence, cher ami, que j'ai gardé à votre égard, si longtemps et bien contre mon gré, m'emplit de honte quand je pense à vos lettres si amicales, si généreuses. Il faut considérer ma triste vie : les besognes ingrates que j'accomplis ici, sous un climat affreux. Heureux les jours où l'on peut se donner le seul plaisir de ces mornes Échelles : le bain dans la mer bleue et lourde qui se caresse aux rochers blancs. Plaisir en ce moment mêlé d'angoisse : on a vu un requin dans la baie de Beyrouth : un capitaine de corvette que je veux croire un peu visionnaire a vu le sinistre aileron rayer la vague. Parmi les amis des eaux, il a semé la panique. Il est vrai que cet officier –