Lesconil [1929] par Pont l'Abbé (Finistère)
Bien cher ami [1929]
En votre société et à côté de Julio, combien la Méditerranée encore m'eût paru séduisante et chèrement aimable. Mais quoi ? Me voici à Lesconil, tous les autres hommes, au bord d'un Océan tour à tour couleur de mercure ou de turquoise, péchant la sardine ou la langouste avec des marins communistes, dont les femmes sont possédées du diable. Pays si beau, si antique et si noble, que je forme le dessin d'y bâtir, à l'extrémité la plus irlandaise de ce village bleu & blanc, une maison de granit et d'ardoise entourée de tamaris et de mimosas, où je guérirai lentement les empoissonnements de l'Orient. Connaissez-vous Lesconil ? Lesconil se trouve au bout d'un estuaire mélancolique, aux herbes verdâtres & furieuses, à la juste jointure de deux régions cornouaillaises, que j'aime d'un égal amour : le pays âpre & violent de Saint Guenolé – Penmarc'h et les anses tièdes & langoureuses de Tudy et de la Forêt, entre