19 août 1926
Mon cher Jean,
bonnes vacances.
– Si ça t'ennuie de faire passer ma note sur Duhamel, rends-la moi
Lettres au Patagon, par Georges Duhamel, La NRF, n° 157, octobre 1926, octobre 1926, p. 492-495.. Je l'intégrerai dans l'étude d'ensemble Duhamel sur lui qui doit figurer dans la deuxième série de XXe siècle. Mais depuis la suppression de la dernière phrase cette note nue semble très élogieuse et de nature à faire plaisir à D. Est-ce que je me trompe ?
Tu m'avais dit que son nouveau roman
La Pierre d'Horeb, 1926. n'était pas bon, mais je ne l'ai répété à personne. Tu me raconteras le détail de l'incident.
– Tu as peut-être raison pour le tracassin.
– J'aurais dû te remercier depuis longtemps des feuillets que tu m'as communiqués (et que je te rendrai si tu en as besoin
Les Fleurs de Tarbes, en cours de rédaction?). Je crois que tu t'es attaqué à une des matières les plus difficiles que soient. Et Faire le le portrait du langage en langage, c'est à peu près vouloir faire en chair la statue d'un être en chair charnel avec un instrument en chair. Mais c'est passionnant. Le plus passionnant, c'est la façon dont la réalité brute se glisse sous le symbole. Mon père avait dans son personnel deux ouvrières qui s'appelaient toutes deux Marie et toute mon enfance, j'ai entendu app nommer l'une Marie Delarbre et l'autre Marie Alaux. Mais ce que j'entendais, c'était Marie « de l'arbre » et Marie « à l'eau ». Comme il n'y avait pas d'arbre devant la maison de la première, ni d'eau devant celle de la seconde, je pensais qu'elles avaient déménagé. Quand il y eut une troisième Marie, Marie Campagne, je sus tout de suite que Marie Campagne était un nom propre, mais l'idée ne me vient pas