[1936]
Dimanche
Mon cher Jean,
je renvoie directement les épreuves à Paillard.
– J'ai reçu en même temps que nos épreuves, la fin de la revue. J'y ai lu les deux notes de Maurice Savin sur Angelica et Napoléon. Je les trouve toutes les deux sans grande valeur, mais surtout je trouve elle sur Napoléon d'un ton inadmissible et qui n'a jamais à ma connaissance été employé dans la revue. (L'équivalent du ton gratuitement offensant qu'emploie Mauclair contre Thibaudet.) Y a-t-il au surplus intérêt à mentir : il n'est pas vrai matériellement qu'on
dorme baille au premier acte, encore qu'on dorme au deuxième. Et écrire sans preuves que « la sottise, la puérilité, l'imprudence et l'emphase » déconcertent, alors que la pièce (dans son contenu est une interprétation historique d'une intelligence extrême, un portrait de Napoléon où se combinent et se complètent l'interprétation Stendhal et l'interprétation Bainville, me paraît déconsidérer un critique, montrer son ignorance. Parler de caricature de tragédie quand la pièce est de toute évidence une comédie volontairement anti-plutarquienne, que Napoléon y parle comme dans le Mémorial !!
Que Joséphine traite Napoléon de maquereau, c'est dans l'ordre : il l'avait épousée, sachant sa liaison avec Barras et il savait que Barras l'avait fait nommé général de l'armée d'Italie, en guise de cadeau de séparation à Joséphine.
J'accepte une note hostile à Raynal, si tu y tiens. Mais je voudrais beaucoup qu'elle valût quelque chose. Celle de Savin