mardi [1930]
Cher Monsieur,
Voici la première lettre que je puisse écrire depuis quinze jours d'une grêle d'événements accablants ou accaparants.
Bien sûr, je me rends compte que ma note sur « Lautréamont et la critique » était bien près de paraître déplacée dans la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] Mais elle représente sûrement ce que je pourrais écrire de moins choquant pour les lecteurs de votre revue. Si je vous envoyais un nouvel article, vous le trouveriez insupporttable, et pourriez croire à une réaction méchante de ma part ; alors qu'au contraire, essayant, par amitié pour vous et avec une entière bonne volonté, d'imaginer de quel livre je pourrais parler, et de quelle façon,– je voyais, entre autres, « 10 C.V. » d'Ehrenbourg – j'ai constaté que je n'en pourrais parler sincèrement qu'avec des professions de foi telles, et un ton de polémique tel qu'alors vous ne voudriez pas risquer une indignation générale de vos lecteurs.
S'il ne s'agissait que de la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] je vous aurais envoyé