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I. Plan d'ensemble – Je mettrai plutôt l'accent sur le côté fantastique du conte – Pour cela, mettre un peu d'atmosphère dramatique dès le début, en décrivant juste un peu plus explicitement le genre de tension psychologique du personnage. Le côté philosophique ne sera pas, à vrai dire, sacrifié – Les conversations abrégées un peu, mais précisées ; emploi de notations presque dramatiques, mais indiquées avec ce détachement intellectuel, cette légère ironie qui évitera la ressemblance à Poe, et se trouve assez conforme avec ce que l'auteur a fait – p.ex. [par exemple] – dans Barnum . La grande confession de M. de Hohenau, l'histoire de sa famille, etc., pourra être très sensiblement abrégée – au profit d'une plus grande précision dans l'exposé de ses idées et expériences. Rendre explicites certaines remarques psychologiques de l'auteur qu'on ne découvre qu'à une lecture très attentive – La fin sera à peu près conservée ; sauf le ton des quelques dernières lignes, qui est trop Le cas de Mr. Waldemar  : raconter la même chose, mais avec ce détachement dont je parlais. II. Les détails. Vous m'avez déjà bien mâché le travail en ce qui concerne la correction de la langue. Comme les incorrections viennent en général d'une imprécisions de pensée, je devrai souvent y pourvoir par mon invention ; et, sur le nombre des précisions que j'ajouterai, j'aurai sûrement fait quelques erreurs sur les intentions de l'auteur : ce sera à lui de dire ce qui répond à sa pensée et ce qu'il faudra rejeter. Somme toute, il s'agit de créer, ou du moins de concrétiser l'atmosphère du conte – atmosphère qui sera à celle de Mr Waldemar dans le même rapport que Barnum est à Monos et Una, c'est-à-dire sans commune mesure ; c'est uniquement ce trop peu d'atmosphère qui fait qu'on a le temps de faire des rapprochements superficiels entre ce conte et un conte de Poe. J'ai commencé par plusieurs bouts à la fois. Je vous enverrai cela dans peu de jours. J'ai laissé traîner le prospectus de Mesures  ; à votre service pour en distribuer ici. Mais je voudrais bien savoir si les réservoirs d'eau de Tamise qu'emportent les bateaux anglais sont suspendus à la Cardan pour que le limon n'en soit pas sans cesse agité par le roulis et le tangage. Si oui, il faudrait suspendre Mesures d'une façon analogue, le principe de la suspension à la Cardan étant que : plus fortement le réservoir plus lourd l'objet et plus souples ses attaches, plus fixement il tendra vers le centre du globe. Ce serait même un bel emblème à faire dessiner sur la couverture de la revue, si l'on n'y a pas déjà songé à cela. La règle, l'équerre, le compas, ça fait franc-maçon ; le thermomètre, médical ; le baromètre, bazar ; la balance, magistrature et éphectisme ; la chaîne d'arpenteur, c'est un ténia ; tandis qu'une suspension à la Cardan (avec peut-être un compas marin), c'est distingué, pratique et coquet. Je vois que vous m'écrivez de Paris. Ne faites pas d'imprudences. J'ai prévenu Mlle Marinani, (l'auteur d'un ouvrage sur Proust dont je vous ai annoncé la visite) que vous étiez absent de Paris : elle viendra vous voir bientôt. Cordialement à vous et à Mme Paulhan, de nos deux parts R. Daumal P.S. Je suis triste, cher Paulhan que vous n'alliez pas encore bien. Si j'étais à Paris je vous ferais quelques massages moi-même. À défaut, je vous prie d confiez-vous à Mme Allemand – elle n'est pas si jeune que moi, mais infiniment plus efficace. Vous verrez – mes amitiés à vous deux. Vera.

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