Qu'est-il arrivé à Fr. [Franz] Hellens ? Je reçois de lui une lettre très attristée, me disant que vous avez dû me raconter comment on lui a joué de mauvais tours et pourquoi Écrits du Nord n'existent plus.
Il pleut agréablement et la mort des feuilles est splendide.
Je n'ai guère envie d'écrire en ce moment. J'ai d'abord envie de comprendre et d'apprendre, d'une part ; et de publier, d'autre part, parce que j'aime encore mieux que mes ordures salissent la rue que ma chambre. (Où est-ce que je pourrais placer le conte Catéchisme, que je vous ai lu à Châtenay, et que j'avais envoyé à Écrits du Nord ?) J'ai fini par rassembler une bonne partie des manuscrits authentiques de mes productions lyriques pour la Bibliothèque Doucet, qui n'aura jamais eu et n'aura jamais plus de manuscrits aussi dégueulasses.
Et vous ? trouvez-vous le temps, entre la N.R.F. et le Conseil municipal, de travailler pour vous ?
C'était une bonne idée, que vous m'aviez dite, d'avoir une nouvelle journée de conversation avec ARR, Antortaud et Henrmchaux [André Roland de Renéville, Antonin Artaud et Henri Michaux]. Ce sera peut-être pour la fin de cette année. Partirez-vous pendant les vacances de Noël ? Si oui, je m'arrangerais autant que possible pour ne pas venir pendant votre absence.
À vous et Madame Paulhan, toutes nos amitiés
René Daumal