jeudi [1950]
Cher Jean Paulhan,
Oui, Pilotaz est un homme fort sympathique, aussi peu « homme de lettres » que possible.
Je ne suis pas sûr que Brenner le soit autant,- mais ma prévention contre le groupe des Ed. [Éditions] de Minuit est sans doute assez arbitraire.-Bien entendu, c'est avec joie que je le reverrais avec vous (et Bisiaux). Le jour qui vous conviendrait.
Vous savez sans doute que Le Marchand a réussi à m'avoir Littérature engagée (de Gide), sortant de presse. Inutile donc de vous mettre en peine à ce sujet.
Le problème ce n'est pas tant de travailler beaucoup, mais de faire plusieurs choses à la fois : il faut, à chaque instant, passer d'un plan à un autre, renouer des fils. Si j'ai accepté ces multiples travaux (Fouquières, traduction, etc.), vous comprenez, n'est-ce pas, que c'est parce qu'il me fallait assurer mon existence au moins jusqu'à l'automne ? Dans les conditions, un peu spéciales, où je vis, je ne puis me permettre d'aller trop à l'aventure. (D'où le retard