mardi matin [1950]
Cher Jean Paulhan,
Nos lettres, une fois encore, se sont croisées.Je suis tout à fait désolé : la vôtre m'est arrivée trop tard pour que je puisse me libérer d'occupations tardives, hier soir, qui m'ont empêché d'être ce matin au rendez-vous que vous me proposiez. J'espère que vous ne m'avez pas attendu ?
L'idée d'écrire un livret de ballet est bien alléchante.(Vous m'avez rappelé que je m'y étais employé, il y a quelque quinze ou seize ans, après avoir vu les ballets Kurt Joos [Jooss]. La chose devait s'intituler « La Mort dans l'Âme » ; c'était évidemment détesttable, « littéraire » en diable et plein de réminiscences surréalistes et freudiennes…)Mais il faudra en reparler. Je vous assure que c'est tentant,- si cela ne suppose pas des connaissances techniques que, bien entendu, je n'ai pas.
Ah, je serais bien content si, en lisant ces quelques manuscrits, je vous aidais vraiment un peu. Confiez m'en autant qu'il vous plaira, et dites-moi si mes notes ne sont pas