Le tour qu'ont pris, ces derniers mois, 1° mes propres affaires, 2° les affaires de Belgique, m'a donné le sentiment très net que je ne retournerai jamais là-bas et que – si le sort lui est favorable – Claude Elsen se substituera définitivement à G.D. [Gérard Delsenne] Jusqu'ici j'avais tout de même le sentiment que tout cela avait quelque chose de provisoire, que ce n'était qu'un (long) entracte. Si les choses ne tournent pas mal, je finirai pas avoir celui d'avoir littéralement vécu deux existences distinctes et successives,- et même trois, si je compte les années 45-50, où j'ai très consciencieusement, mais non sans peine, essayé d'être, simplement, Gérard Delsenne. Tout cela est assez curieux, vu avec un certain recul. Je n'aurais jamais cru à cette faculté d'adaptation et de recommencement, chez un être aussi peu doué que moi pour l'aventure. (D'ailleurs ma volonté y a été pour beaucoup moins que le hasard.)
À mercredi, 11 heures, donc.
Votre amiClaude Elsen
La Gazette (où paraît demain notre « entretien ») vous retournera (ou à moi) la photo.