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samedi [1951] Mon cher Jean, Vous avez décidément le génie de l'amitié… Oui, j'étais assez mal en point mardi (et toute cette semaine), physiquement et moralement. Cela s'accompagne chez moi, d'instinct, d'un bizarre souci de n'en rien laisser voir, qui me rend un peu « grinçant ». Mais devant des amis comme vous, ou Paul et Lily P. [Pilotaz], toutes ces défenses (involontaires) tombent. (Elles tiennent, je crois, à ce que je déteste ennuyer  : connaissez-vous l'histoire, contée je ne sais où par Montherlant – excusez-moi – de l'homme qui, se sentant pris de malaise en public, et proprement en train de mourir, s'en excuse auprès des gens qui s'affairent autour de lui, et dit avoir honte du dérangement qu'il leur cause?)Je suis un peu accablé par la confusion des affaires auxquelles je suis mêlé, l' « embouteillage » qu'elle provoque, et l'incertitude matérielle qui en résulte sans que j'en voie la fin. Ajoutez que, depuis 10 ou 15 jours, je suis physiquement assez mal en point (les nerfs, ces sacrés nerfs!). Ajoutez enfin que je prévois de désagréables complications sentimentales, dont je n'avais vraiment pas besoin. (J'ai horreur des « drames », quand je n'en suis pas le seul acteur…)

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