samedi [1955]
Cher Jean Paulhan,
Il y a, dans le petit Monnier que vous m'avez donné, un trait qui va plus loin que l'amusette, peut-être : c'est l'observation de l'actif pouvoir érotique des images mentales et des mots, des « vilains mots » que l'une des « Deux Gougnottes » invite l'autre et l'amène à prononcer.L'idée d'un théâtre érotique serait d'ailleurs curieuse à creuser, plus encore qu'un cinéma. Bien entendu, je le verrais moins sommaire dans son esprit que les piécettes de Monnier… Tout de même que le caractère enfantin (si j'ose dire) des films de cette sorte les rendait tout à fait inefficaces, et plutôt bouffons.Mais je vais essayer de m'occuper du petit « traité » que vous savez.
Je pense aussi à ce « Point de vue de l'Objet » dont nous avons parlé pour un futur cahier de la Pléiade (Simone de Beauvoir m'y incite).
Le papier au cheval filigrané est si séduisant que je n'ose pas l'utiliser…
Je me suis informé : le Figaro paie ses collaborateurs le 15 du mois suivant. Je m'étonnais donc à tort.