mercredi 4/4/[19]56
Mon cher Jean,
Je viens de lire votre article de la nrf [Nouvelle Revue Française ] sur Nuptial . Il eût été difficile, me semble-t-il, de parler de ce livre plus adroitement. J'ai été moi-même un peu embarrassé d'avoir à le faire dans la Table Ronde , il y a un mois ou deux, à la demande de R.P. [Robert Poulet] lui-même, pour qui vous connaissez mon amitié, qui ne me facilitait pas les choses. Car, à la relecture, ce livre que j'avais lu en ms. [manuscrit] en 49, m'est apparu d'une assez grande naïveté, par cela même qu'il se voulait audacieux, et d'un lyrisme frôlant parfois, avouons-le, le ridicule. Voilà ce que je ne pouvais pas dire. J'envie la subtilité avec laquelle vous avez su souligner la « vertu » et le « sérieux » (un peu sermonneur) de l'auteur.Où je vous suis moins (et, bien sûr, où je suis moins encore R.P. [Robert Poulet]), c'est lorsque vous voulez inséparables, indissociables l'une de l'autre les faces de l'amour. « Et pourtant – dites-vous – il est difficile de les accepter toutes deux, de n'y reconnaître qu'un seul événement. Faut-il dire que c'est impossible ? » D'abord, je lui en vois non pas deux, mais trois faces, si j'ose dire : la passion, l'érotisme, et ce que j'appelle « l'autre amour » faute d'un