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le 14/7/[19]58 Mon cher Jean, En rangeant des dossiers, j'ai ouvert celui où, depuis dix ans exactement, je conserve vos lettres. Pourquoi, moi qui ne garde presque aucune lettre (pas plus de 3 ou 4 par an), ai-je gardé toutes les vôtres ? C'est d'abord – indépendamment de leur intérêt – que de notre rencontre en 48 date pour moi le début de quelque chose. Il me paraît, quand j'y songe, que ma vie se partage en deux : un « blanc », je dirais mieux : un « noir » de trois ans, ces trois ans où je fus, anonyme, solitaire, clandestin, une espèce de mort-vivant dans ce Paris encore un peu hostile où j'attendais , sans trop savoir quoi.En 1948, votre amitié si vite chaleureuse, attentive, agissante m'a fait me raccrocher à une existence que j'avais de bonnes raisons de tenir pour fichue. Et c'est cela que vos lettres me rappellent – cela, c'est-à-dire : les visites matinales que je vous faisais avant d'aller chez Lang, les projets que nous faisions ensemble (vous vous rappelez : Comœdia , etc?…) et ceux que vous m'encouragiez à faire, le fait que vous m'ayez présenté à G.G. [Gaston Gallimard] (ce

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