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vendredi 25 juillet [1958] Mon cher Jean, Nous n'en savons toujours pas plus long touchant la mort d'Yvonne Bénédict. Je suis, nous sommes, avouons-le, un peu comme vous : nous n'avons jamais éprouvé pour elle une très vive sympathie. Mais cela ne tiendrait-il pas à ce que les êtres de sa sorte, je veux dire aussi sûrs d'eux, aussi assurés , nous en imposent toujours un peu (à vous comme à nous) et, par le fait, nous inspirent toutes sortes de sentiments – admiration, envie, que sais-je – qui n'ont rien de commun, précisément, avec la sympathie , si l'on se réfère à l'étymologie du mor t ? (Il est vrai que vous ne croyez pas aux explications étymologiques…) Mais, en ce qui concerne Hélène, je suis tout à fait d'accord avec vous : pour ce qui est d'elle-même, je ne trouve pas du tout cette aventure regretttable, bien au contraire. Je pense plutôt au souci que tout cela donne et donnera très certainement à Paul et à Lily, une fois qu'ils ne seront plus « sous le charme » (de F.N. [François Nourissier]).Ils le sont « comme tout le monde », dites-vous. Oui, bien sûr, au début, tout le monde y passe. Encore ne faut-il pas y aller voir de trop près, ne pas avoir un commerce trop suivi et trop prolongé avec lui. On découvre peu à peu – avec tristesse – ce qu'il a d'insttable, de peu « sûr », de versatile, d'un peu « femelle » (au mauvais sens du terme) – et, pourquoi ne pas le dire, d'assez dangereux pour qui s'y laisse prendre, pour qui cesse de se tenir sur la défensive. J'ai peur pour eux que ce soit le cas pour Paul et Lily. Cette demi-heure quotidienne que vous voudriez me voir consacrer à un travail personnel, je n'y crois pas beaucoup, mon cher Jean. Il est exact que je travaille vite – quand je travaille. Mais cela suppose une assez longue réflexion, une assez longue « mise en train » préalables. Et ce sont elles, justement, qui me sont interdites, faute de vrai loisir. Un enfant ? Mais c'est fait ! Sans doute oubliez-vous – comme je le fais moi-même – que j'ai une fille (de dix-huit ans). Et je constate deux choses : 1° que cette idée ne me fait ni chaud ni froid, 2° que, durant les cinq années de mon existence (et de la sienne) que j'ai vécues avec elle, cela n'avait aucune influence sur le cours de mes pensées, pas plus (ni pas moins) que l'existence de Golo, par exemple. Aujourd'hui encore, l'idée de me « survivre » dans un autre être me laisse extrêmement indifférent. Ce n'est pas par « doctrine » que je suis hostile à l'idée d'avoir des enfants, c'est (plus simplement) que je

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