trouve cela extrêmement encombrant. Un chien, déjà, ne l'est pas mal – or j'aime beaucoup les animaux en général, Golo en particulier, ils m'amusent, ils m'émeuvent, ce que ne font pas du tout les enfants, qui m'horripilent.

Je vous dirai maintenant, mon cher Jean, que les fragments de journal que vous avez lus et les lettres que je vous ai écrites à leur propos l'on été, en général, sous le signe de la dépression, d'une espèce d'ubris [hybris] négative, si j'ose dire, à quoi je succombe périodiquement. Je ne veux pas dire que les opinions, les idées et les sentiments que j'y exprimais ne soient pas, quant au fond, toujours miens. Mais ils se colorent de nuances plus ou moins sombres selon les moments.Il y a de longues années que je crois, que je sens qu'il m'arrivera un jour, assez vraisemblablement, de me tuer, au cours d'une de ces « périodes sombres ». Mais jusqu'ici j'arrive à « composer » avec elles et même, de temps à autre, à remonter le courant, si courant il y a. Ainsi depuis quelques jours, l'été, un certain calme de la vie et des choses aidant – et aussi la nécessité d'aider Moucky à s'accommoder à son tour d'une certaine fatigue nerveuse, due à une année durant laquelle elle n'a guère eu le temps de « souffler », entre la maison, son école, etc.

Golo aussi nous donne quelque souci en ce moment, étant affecté d'une « mycose démodécique », c'est-à-dire d'une espèce de pelade qui lui fait perdre ses poils par plaques assez inesthétiques. C'est sans gravité, il s'en accommode très bien, mais c'est d'un effet assez fâcheux et d'un traitement malaisé.

Nous sommes convenus avec D.A. [Dominique Aury] qu'elle nous téléphonera la semaine prochaine pour nous dire quand vous viendrez nous voir. Je m'en réjouis d'avance,

et vous embrasse bien affectueusementClaude

[horizontalement, à gauche] curieux « lapsus machinae », en l'occurence...