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le 8 août [19]58 Mon cher Jean, Je ne suis jamais allé en Angleterre, et je crois bien ne connaître qu'un anglais : Angus Wilson – ce qui me défend évidemment de porter un jugement sur la race (si race il y a). A priori, je ne sais pourquoi, je préfère les Américains. Ceux que j'ai connus de près où de loin étaient extrêmement sympathiques (exception faite pour Roosevelt – et les deux policiers militaires qui m'ont quelque peu passé à tabac lors de mon arrestation, en Allemagne ; il est vrai que c'étaient deux juifs allemands naturalisés).Cela dit, autant que j'en puisse juger, il me semble que le Français-moyen se montre, lui aussi, assez volontiers « incapable de comprendre que vous ne soyez pas français ». Je l'ai souvent senti, bien qu'il n'y ait pas entre lui et moi l'obstacle de la langue. Comment expliquer ceci ? J'ai une montre-bracelet qui, depuis un mois, marche impeccablement sauf lorsque je la porte. Dès qu'elle est à mon poignet, elle se met à retarder de vingt minutes par heure – et se remet à marcher avec une précision chronométrique dès que je l'enlève. S'agirait-il d'une allergie ? (Pendant dix ans, cette montre avait marché très normalement.) Avez-vous lu le très curieux livre d'Aimé Michel « Mystérieux objets célestes » (Éd. [Éditions] Arthaud) ? J'ai lu à peu près tout ce que l'on a publié sur les « soucoupes volantes ». C'est la première fois que je suis réellement troublé par un ouvrage de ce genre. L'auteur se garde, au départ, de prendre position pour ou contre l'existence des « soucoupes », pour ou contre leur origine, si elles existent. Il s'est contenté de relever tous les récits et témoignages recueillis en France, à leur sujet, depuis 1952, et publiés dans la presse, au petit bonheur. Eh bien, en portant sur la carte ces témoignages sans aucun lien entre eux , il apparaît que de leur rapprochement naît un ordre géographique et géométrique. C'est extrêmement curieux.Mais il faut que vous lisiez ce livre. Je suis, de nouveau, dans une de ces périodes relativement sereines durant lesquelles je prends mon parti de ma condition, des besognes auxquelles je suis obligé et de tout le reste. Je veux dire : durant lesquelles je réussis à ne pas penser à ce que j'aimerais faire, et que je ne puis pas faire – bref, à ne pas trop penser à moi… Cela durera ce que cela durera (généralement 15 jours ou 3 semaines tous les 2 ou 3 mois…)

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