Ici, la vie est très paisible.Golo, sous ses apparences de bonne brute joviale, a un instinct, une sensibilité qui me frappent. Deux fois, en quinze jours, il nous a évité de graves ennuis 1°) en attirant mon attention, une nuit, sur un chauffe-bain qui, resté allumé par suite d'une fausse manœuvre, menaçait d'exploser (sans qu'il y eût fuite de gaz ou bruit quelconque) ; 2°) aujourd'hui même, en nous avertissant par des grondements bizarres d'un imminent court-circuit électrique qui eût pu provoquer un incendie (un fil dénudé, sans baguette, commençait à « chauffer » ; Golo avait remarqué cette chaleur insolite, imperceptible, dans un coin où nous ne pouvions nous en aviser).Hors quoi, il nous donne bien du plaisir. Je ne sais pas si je vous ai dit que chaque jour, à 7h¼, je passe ¼ d'heure à jouer avec lui. Le rituel est toujours le même : je vais m'asseoir en bas, près de la radio, commence à le taquiner avec une vieille pantoufle, et nous finissons par nous battre comme des chiffonniers. Ces derniers soirs, ayant du travail, je laisse passer l'heure. Alors, à 7h¼ précises, il monte dans ma chambre, sa pantoufle dans la gueule, et vient la poser sur mes genoux. Si je ne donne pas suite à ses avances, au bout de cinq minutes il redescend en soupirant et, un peu plus tard, il faut que j'aille lui présenter mes