8 mai 1950
Cher Jean,
j'espérais vous voir vendredi – mais que de gens chez vous – (et encore me suis-je fait gronder par Beigbeder.) Je sais bien, et depuis longtemps, que nous ne nous voyons pas, – et cette illusion du mardi est très loin de faire autre chose qu'entretenir un silence. Vous savez bien que si l'amitié suffisait pour le rompre, ce serait chose faite depuis longtemps. Mais je sais de moins en moins parler – et ce qu'il y a de terrible, c'est que je me mets à aimer cet état.
Ce que vous me dites de votre vue m'inquiète – j'espérais que votre séjour dans le midi lui avait donné le repos.
Dites je vous prie mes hommages très affectueux à Germaine – et que ses iris de la terrasse sont superbes : je les vois de ma chaise.