Le mardi 21 mars 1950
Mon cher Paulhan
Je suis au regret. L'état de ma vue, qui me cause déjà tant de soucis dans mon travail, ne me permet pas de lire une aussi longue lettre. C'est déjà beaucoup pour moi de vous écrire celle-ci.
Je bornerai ma réponse au mot déloyauté qu'elle contient dans son début, mot un peu excessif et qui me surprend de votre part, étant donné tant d'années d'excellentes et très amicales relations.
Je vous rappellerai d'abord que ce n'est pas moi qui vous ai demandé de collaborer aux Cahiers de la Pléiade. Je n'ai jamais fait dans ma vie une seule demande de cette sorte. C'est vous qui avez eu la gentillesse de m'inviter à vous donner quelques pages de ce fichu Journal.
J'étais donc le maître de mon texte. Je n'avais pas moins eu le procédé cordial, tout naturel de ma part à votre égard, de vous prévenir qu'il y avait dans ces pages un morceau peu aimable pour le Cahier que je venais de recevoir (à ce moment). Vous devez vous rappeler que vous vous êtes mis à rire et à me répondre que cela n'avait aucune importance.
Voilà pour un premier point.
Voici le second :
Madame Dominique Aury a bien voulu, à un moment, venir à Fontenay, accompagnée d'une jeune dactylographe pour « taper » les textes en question. Tapage exécuté de telle façon,