Quant à l' »objet » de cette minutieuse et humoristique relation, que voulez-vous ? Rangeons-le parmi les Enigmes de l'univers, comme un irrécusable témoignage, hélas, des Limites ou connaissable ; et passons outre ! Il ne me reste plus qu'à pondre, à destination Jean Morand, la lettre explicative et penaude que je lui dois depuis trois mois ; et je crains qu'il me pardonne difficilement d'avoir disposé ainsi d'un texte qu'il m'avait très confidentiellement laissé lire... C'est un « écorché vif »... Dieu sait pourtant que mes intentions... !

(« On » retrouvera, d'ailleurs ; ces deux chapitres. Je le sais, maintenant : vous avez trop d'ordre pour les avoir jetés. Il est évident qu'ils se sont glissés en parasites dans quelque autre dossier ou manuscrit... « On » les retrouvera ! Mais, comme ils ne portent aucune indication de noms, de provenance, ni de doute, si ce n'est pas vous qui les retrouvez, comment nous reviendraient-ils ?)

N'y pensez plus, cher ami. Ne m'en veuillez pas trop longtemps d'être la cause involontaire de tout cet irritant grabuge...Mes sympathies à votre femme, dont la santé, j'espère, ne souffre pas trop de cette humidité perpétuelle ? Et très affectueusement vôtre

Roger Martin du Gard.