Nice – 2 mars 57
Cher ami, j'ai peut-être échangé une ou deux lettres avec Valery Larbaud ..? Je crois bien ne l'avoir jamais rencontré... N'oubliez pas que c'est en décembre
automne 1913 que j'ai débarqué dans les eaux de la NRF et du Vieux-Colombier ; et que, dans ce semestre qui a précédé la mobilisation, c'est uniquement Copeau et le Colombier que j'ai fréquenté intimement. Je m'aventurais d'autant moins souvent ans la boutique de la rue Madame que j'ai eu, cette année-là, Gaston au Vx. Colombier, tous les soirs.
Ceci, pour expliquer que je n'ai rien, absolument rien, à dire de Larbaud ! La sympathie qu'il m'inspirait venait, - au moins autant que de ses livres -, des conversations de Gaston, qui en parlait sans cesse très souvent et avec une chaleureuse et tendre curiosité, aimant son œuvre, aimant plus encore l'homme, l'ami, ses confidences, sa culture, ses souvenirs de voyage, ses pardessus cossus, ses valises en peau de porc, et sa mégère de mère (qui disait à Copeau : - « St Yorre me pisse cinq cent mille francs par an ! » mais qui reprochait à son fils les dépenses de son blanchissage...)