- 15 mars 57-
Que vous ayez pris la peine, cher ami, de vous penchez sur mes misères avec une sollicitude aussi appliquée, aussi compréhensive, et un si évident désir d'être efficace, est une preuve d'amitié qui me touche vraiment beaucoup. Le sous-entendu « J'y étais, telle chose m'advint » confère à vos conseils une valeur impressionnante, et je les prends très au sérieux. Mon médecin aussi (le docteur Châtenoud, de Nice, un fidèle abonné de la N.R.F. et un de vos plus anciens lecteurs, habitués à porter attention à tout ce qui vient de vous...) J'ai commencé aussitôt par une offensive en règle contre cette perpétuelle lassitude, - qui n'a rien de douloureux, mais qui est presque pire qu'une souffrance localisée, par son action quotidienne, insidieuse, obstinée, à laquelle le moral résiste bien difficilement. Donc, j'ingurgite, à chaque repas, des doses massives de carottes rapées largement arrosées de jus de citron ; je déteste ça, mais l'espoir que