Reims. 43 rue Ruinart de Brimont. (marne)
jeudi 5/3/31
Mon cher Paulhan.
Voici des nouvelles. Suis en famille depuis 10 jours. Au départ, c'était merveilleux : quitter Paris, où règne mal une dame occasionnant chez moi maux de tête et bien plus, pour aller reprendre vie, refleurir dans le sein des miens. Riche idée ! … Maintenant j'en doute. La dame devenue invisible avait pris place dans le wagon, à Reims elle m'a aisément retrouvé. Je souffre de ne point voir son visage, et d'être encore sous son joug. Ni l'un ni l'autre ne nous sommes écrit. Il n'empêche que je l'aime .. mais elle ? Etc ….
Mon cher Paulhan, vous savez que souvent j'agis et vois maladroitement. Mes dernières visites à vous m'ont fait croire que peut-être il y avait froid (un certain froid). Sans doute il n'en est rien, et vous me trouvez ridicule. J'ai toujours regretté beaucoup n'être qu'un visiteur-ami, ça gêne l'expression. C'est l'histoire : à l'amitié il faut une alcôve, etc...
Vous me renseignerez sur cela et en rirez, dans votre lettre. J'y vois mal, car je suis