un peu démoli, c'est sûr. « On » a fait de moi un monsieur tragique, à tort. Mais enfin je le suis réellement devenu et pour ne plus l'être, que d'efforts ! Tout ça, tout ça …..
Il y a des avantages à être ici. Une sœur Simonne institutrice et bien, en somme, m'apprend la grammaire. Pas à dire, je fais des progrès. Je lis beaucoup, Sophocle, de l'histoire, des Romans Balzac, etc... Pour mon propre travail …..... enfin ! Commencé une pièce de théâtre, ça débute très bien, mais que sera la suite ? : je n'en sais à peu près rien. Des doutes m'assaillent, en grand nombre, même ; ça n'a rien d'extraordinaire, tout le monde en est là, etc...
Soyez assez aimable pour m'envoyer la NRF de février ici, voulez-vous ? Je serai très heureux de recevoir votre lettre, mais moi ai tout le temps, au contraire de vous. Mon père est devenu tolérant, nous avons eu une seule petite discussion : il ne croit guère à la vénalité de la presse française, il est à peu près impossible qu'un français se tienne mal, etc... Vous voyez !
Mon cher Paulhan je vous envoie toute mon amitié ainsi qu'à madame Pascal, et je suis toujours le votre.
Pierre Minet.