Je n'ai plus ces charmes ; peut-être pour cela vous est-il souvent difficile de me reconnaître ? - Je tiens énormément à votre amitié que je crois fragile et qui pour cela me paralyse un peu. Cependant mon amitié pour vous ne m'a jamais permis de vous atteindre vraiment… Elle n'a pas « vécu » assez ni assez souffert... Je voudrais qu'elle fût d'une intensité plus simple peut-être, plus vivante... Mes lettres à vous reflétèrent toutes ce besoin d'atteindre l'homme en même temps que l'écrivain. Par exemple : vous savez, je crois, que depuis plus de six ans ma vie appartient à un Amour qui est seul à me donner une raison d'être (je m'exprime excessivement mal – mais passez là-dessus). Maintenant je n'ai pas une pensée qui ne s'en inspire... Eh bien ! Je ne saurais rien vous en dire ; et il me paraît impossible cependant que vous me compreniez, que vous ayez une juste notion de moi sans que cela... (pardonnez-moi : il me paraît impossible que vous me compreniez, puisque je ne vous ai rien pu dire, etc..) - Bon ! - mais passons ! Je renonce à poursuivre cette lettre.... Mais écrivez-moi, voulez-vous ? Et certainement un moment se présentera où je serai à même de vous écrire mieux … Prochainement … Ou bien ne vous écrire que quelques mots chaque jour, et lorsque cela fera deux, trois pages, vous les envoyer … mais je vais attendre votre lettre. Je vous envoie mon amitié
et suis toujours le vôtre
Pierre Minet
P.S. Faites mes amitiés à madame Pascal.
P.S. Je vais recevoir la N.R.F de mars ; mais je ne savais rien des Fleurs de Tarbes.. Sera-ce tout un livre ?