trouve pas ça trop beau, mais peut-être pas encore assez beau pour Auguste. C'est une métaphore comme il en fourmille dans les argots. Le bond de langage n’est pas impossible, une partie de l’expression étant donnée : éternités. L'expression courante aurait été ; « Encore son truc à la manque qui dire des éternités ». Par ailleurs, l’éternité s’associe facilement, dans l’esprit du peuple comme dans celui des poètes, avec l’amour. « On vit quelquefois en un jour, toute une éternité d’amour ». Le plus souvent, c’est l’acte d’amour même qui semble une bienheureuse éternité.

« Ravaudant », qui vous paraît très recherché, s’impose moins par l’idée qu’il représente que par son corps verbal ; il contient en raccourci quelques uns des éléments importants de la phrase qui succède : « Sa bouche édentée qui tire le sein, lant, noyée dans sa Gare ». - Même l’idée me semble possible ; j’entends très bien une femme dire d’un impuissant ou presque : « ce qu’il ravaude ! » - Il faut penser aussi qu’Auguste est saoule et que les mots prennent aisément du champ dans son esprit.

Enfin, si ces raisons ne vous ont pas convaincu, dites-vous que ce n’est pas Auguste qui parle, mais Sollier qui, après tout, ne s’est pas identifié avec ses personnages et a gardé quelques droits.

Avec les vifs sentiments de respect et de gratitude de Sollier, je vous envoie, à Germaine et à vous, mes pensées bien affectueuses.

Adrienne

Je vous enverrai d’ici peu une autre copie corrigée.