Ce Vendredi
5 heures du soir
[1951]
Cher Jean
J'ai relu vingt fois le message que tu m’as fait tenir. Vraiment, vraiment, TU es partout et je ne laisse pas quelquefois de me demander si je suis digne de ces quotidiennes attentions que tu me prodigues.
Barrault ? Bien sûr. Je vais tenter de lui écrire, seulement, avoue que son attitude n’est guère propre à m’encourager beaucoup. Vaille que vaille, je lui écrirai puisque ton geste m’y invite.
J'ai lu le livre de la Guilde que tu m’avais prié le jour même de ton départ : « Châteaux en enfance » (drôle de titre) par Catherine Colomb. Que t’en dire ? Un peu bien lent, un peu bien gris, avec, sans doute, quelques fusées de côté et d’autre. Dans l’ensemble ça ne me paraît guère bien convaincant.
Je t’adjure d’oublier l’affaire J.P. Un gros manuscrit ? Non, et quoi encore ? Que J.P commence par briller autrement que par son silence. Alors, que je [vais?]-je – mais alors seulement puisque tu sembles y tenir.
J'ai reçu une lettre magnifique de Madame Dominique Aury : « Il fallait dire tout de suite que vous aviez en horreur l’Immoraliste. Mais si vous voyez dans le dernier catalogues des livres de la Guilde